Décrédibiliser les féministes avec des arguments misogynes n’aide personne, même quand elles sont d’extrême droite

Certains discours qui cherchent à dénoncer les courants féministes nationalistes, libérales, TERFs, etc, le font par le biais d’arguments misogynes, qui réduisent leurs discours à de la bêtise.

Réduire des féministes libérales cis-het bourges, TERFs ou par exemple white fem (ou les 3 en même temps !) à des « connes décérébrées » (sic) est non seulement misogyne, mais c’est surtout dangereux et dépolitisant. Mobiliser cet argumentaire revient à gommer le fait que ces personnes se vautrent (de manière plus ou moins consciente mais toujours réfléchie) dans un système de dominations et d’oppressions, dont elles bénéficient plus que d’autres femmes et minorités de genre. Elles l’alimentent dans leurs discours pour les plus vocales et par leurs actes pour les plus actives d’entres elles, jusqu’à basculer du côté de la droite et de l’extrême-droite.

Ces féministes de droite et d’extrême droite flirtant avec le fascisme, défendent un projet politique construit et une vision du monde explicite : le maintien des hiérarchies de domination, que ce soit de genre, de race, de classe, etc. Assimiler leurs discours et pratiques politiques à de la bêtise ou de la naïveté, en plus d’être un poncif misogyne, invisibilise l’idéologie qu’elles portent. Les TERFs visent l’éradication pure et simple des personnes trans. Les fémonationalistes ont pour agenda politique le renforcement de la suprémacie blanche, (bourgeoise?) et catholique (et heteronormative?). Ces discours ont un impact concret sur le réel, ils se traduisent en actes de violences tels que l’agression de personnes trans, de femmes portant le voile ou perçues comme musulmanes, de personnes racisées, etc. Ces actes de violences s’accompagnent aussi de mesures légales de restriction et de contrôle des corps marginalisés, comme l’interdiction du port de l’abaya à l’école, la suppression de l’AME ou la récente proposition de loi visant à interdire la transition de genre chez les mineur.es, pour ne citer que trois exemples récents. Il ne faut pas minimiser la portée de ces discours, qui construisent et légitiment un programme politique fasciste. Les féministes de droite et d’extrême droite ne sont pas de simples cautions, elles sont actrices.

Une façon dépolitisante de parler de Dora Moutot et Marguerite Stern : « elle est trop conne, puis regardez sa nouvelle coiffure éclatée/ses kilos en plus/insérer commentaires misogynes (et autres) qui assimilent les féministes à des idiotes dénuées d’agentivité et de pouvoir dans la société. »

Une façon politique de parler de Dora Moutot et Marguerite Stern : « regardez ces deux fémonationalistes publier leur torche-cul fasciste et immonde au sein d’éditions d’extrême-droite pour tenter de justifier leur volonté de maintenir le statu quo du régime politique hetero et cissexuel. »

Pour les allié-es et complices qui souhaitent prendre la parole pour défendre leurs camarades trans, c’est cool ! Faites le plus ! Prenez des initiatives militantes : prenez la parole, montrez votre solidarité avec les luttes trans ! Mais ne prenez pas à la légère l’argumentaire que vous mobilisez 🖤

D’ailleurs à ce sujet, si tu veux approfondir les enjeux autour de la crise du militantisme et des termes « allié.es » et premier.es concerné.es », on te conseille cet article de Joao Gabriel (dispo par mail, l’article est payant).